Les pièges photographiques constituent un outil précieux pour étudier la diversité faunistique d’un site. Ils offrent également un excellent support de communication grâce à des données visuelles (photos et/ou vidéo). Parmi leurs nombreux avantages, on note leur capacité à détecter efficacement la faune, fonctionnant 24h/24 sur de longues périodes, quelles que soient les conditions météorologiques, tout en nécessitant un investissement modéré et peu de temps sur le terrain. Cette méthode discrète peut être utilisée à proximité de zones sensibles et fournit généralement des images suffisamment détaillées pour identifier les espèces.
Bien positionné, un piège photographique permet de capturer une grande diversité d’espèces présentes sur un site. En outre, il facilite l’inventaire de la faune locale, l’observation des habitudes de passage des animaux (comme l’apparition d’une portée) et la détection d’éventuelles blessures ou maladies.
Même en suivant les meilleures pratiques, un piège photographique bien placé dans une zone riche en indices de présence (empreintes, coulées, déjections) peut parfois ne pas produire de résultats, car la faune sauvage reste imprévisible. Cependant, il est possible d’optimiser ses chances de réussite grâce à quelques conseils.
Avant tout, il est essentiel de bien connaître le site choisi pour la pose du piège. Recherchez des indices de présence tels que des empreintes, des déjections ou des marques sur le sol et les arbres, notamment pour des espèces comme le sanglier.
Identifiez également les coulées, qui sont des sentiers créés par les passages fréquents des animaux, ainsi que les terriers, qui sont des points stratégiques pour observer la faune.
Prenez en compte la topographie, en particulier pour les blaireaux, qui construisent leurs terriers sur des pentes.
2. Bien positionner son piège
Lors de la pose, il est recommandé d’attacher le piège à un arbre, en adaptant la hauteur selon les espèces ciblées : environ 1 mètre pour les ongulés, 30 à 40 centimètres pour les petits mammifères tels que les mustélidés et les renards, et au ras du sol ou sur un tronc tombé pour les écureuils, micromammifères et oiseaux.
Positionnez le piège de manière à éviter qu’il ne soit orienté vers des branches ou des tiges, afin de ne pas saturer la carte mémoire avec des déclenchements inutiles. L’arbre choisi doit être droit, et la caméra ne doit pas être orientée vers une pente descendante, pour garantir un angle de vue optimal.
3. Être patient
Le piège photo doit être laissé en place au minimum 4 jours, bien que la durée optimale dépende principalement de l’emplacement choisi. Par exemple, près d’un terrier de blaireaux fréquemment utilisé, la carte mémoire risque de se remplir rapidement. Dans ce cas, une durée maximale d’une semaine est recommandée.
En revanche, en dehors des terriers, la période d’observation varie généralement entre 2 semaines à 1 mois pour avoir des résultats intéressant.
4. Rester discret
Concernant l’odeur humaine, l’utilisation de gants est possible mais non indispensable. Les animaux peuvent détecter votre présence le premier jour, mais une fois cette phase passée, votre odeur leur deviendra familière.
Vous pouvez toutefois, au moment de la pose, frotter votre matériel avec des feuilles ou de la litière du site pour atténuer les odeurs humaines.
Il est également conseillé de reste discret quand vous venez poser et récupérer votre piège afin d'éviter de déranger ou effrayer les mammifères à proximité.
5. Dernières vérifications
Enfin, avant de finaliser l’installation, assurez-vous que l’angle de vue est optimal en réalisant quelques déclenchements test.
N'oubliez également par de vérifier que votre carte mémoire est vide et bien formaté pour éviter d'être déçu lors du dépouillage car vous n'avez pas eu assez de place ou parce que rien n'a été enregistré. De même, n'oubliez pas de mettre en fonctionnement le piège avant de partir (cela peut arriver plus vite qu'on ne le croit).
Une fois toutes ces étapes respectées, allumez votre piège photographique… et place aux images !
6. Respect de la règlementation
Dans une forêt privée, il est impératif d’obtenir l’autorisation du propriétaire avant d’installer un piège photographique. Par ailleurs, il convient d’éviter de déranger les espèces protégées, car des amendes parfois conséquentes ont été infligées dans ce type de situation. Enfin, la publication des images issues des pièges doit respecter le droit à la vie privée, le visage de toute personne capturée par la caméra ne peut être diffusé sans son consentement préalable.
Rédaction : Nathan Boulinguez - mars 2025
Photo : Camille Pilisi